Politique
française
Des accords disparates se sont établis. Mendès France et
les radicaux-socialistes se sont unis avec les républicains sociaux
de Chaban-Delmas, l’U.D.S.R. de Mitterrand et la S.F.I.O. de Guy
Mollet. Ils constituent le Front républicain. La voix de cette
alliance va être l’Express.
Ce "front" réunit une nouvelle majorité parlementaire.
Mendès France redevient ministre. Il est ministre d’État
dans le cabinet Mollet en février. Mais, il n'est pas d'accord
avec la politique du gouvernement par rapport à l'Afrique du Nord,
il démissionne au bout de trois mois. Dans la foulée, il
abandonne la direction du Parti radical.
Politique
étrangère. Conflit avec l'Egypte
La politique
est décidément une chose bien compliquée pour ceux
qui en ignorent les dessous! La preuve: trois pays en veulent à
Abdel Nasser! D'abord les anglais parce qu'en nationalisant le canal de
Suez, il s'en est pris à leur intérêts; la France
ensuite, parce qu'elle est convaincue qu'il est le principal soutien aux
Nationalistes algériens, enfin Israël, pour qui il est le
leader du panarabisme et de l'anti-sionisme. Ces trois pays vont mener
des négociations secrètes.
L'origine de cette histoire est à la fois simple et compliquée.
Nasser avait le projet de construire un grand barrage sur le Nil. Bien
sûr l'Égypte n'avait pas les finances pour se payer ces gigantesques
travaux, mais il y avait une possibilité et cette possibilité
était la guerre froide que se livraient "les deux grands".
Il va d'abord faire une demande aux Etats-Unis.
Je n’étais pas présent aux négociations, mais
il a, sans aucun doute, glissé dans l'oreille américaine
qu'en cas de refus, il irait voir leurs "copains" soviétiques
et ils acceptent. Au bout de six mois, ce sont-ils aperçus de l'ampleur
du projet? Ont-ils cru que l'URSS manquerait de moyens? N'avaient-ils
qu'une confiance limitée en Nasser? En tous cas ils reviennent
sur leur parole.
Nasser se fâche. Il organise une manifestation de masse qui réunit
150 000 personnes à Alexandrie. Et devant cette foule, il se lance
dans un des discours qu'il affectionne. Il connaît son pouvoir sur
cette population. Il annonce qu'il nationalise le canal de Suez, qu'il
va remplacer les aides américaines par des aides soviétiques
et les techniciens européens par des Egyptiens et des soviétiques.
Il devient un demi dieu dans le monde arabe et les Américains perdent
des points par rapport à leurs concurrents
L’expédition
de Suez
Trois mois plus tard, la France (ou plutôt Guy Mollet qui était
président du Conseil et son gouvernement), la Grande-Bretagne et
Israël ont terminés leurs plans pour attaquer l'Égypte.
C'est Israël qui frappe le premier le 29 octobre et il se rend maître
sans difficulté du Sinaï. Le lendemain l'Angleterre et la
France envoient un ultimatum a Nasser pour un cessez-le-feu.
Bien des surprises les attendent. Premièrement Nasser, non seulement
ne cède pas, mais fait appel aux Egyptiens et leur distribue des
armes. Deuxièmement, à l'ONU, les américains qui
voulaient certainement se rattraper de la bêtise faite sur le monde
arabe, condamnent l'action d'Israël et font demander l'arrêt
immédiat des hostilités. Voilà nos trois pays isolés
diplomatiquement. Les Britanniques et Français bombardent quand
même des aéroports et des objectifs militaires puis, le 4
novembre ils envoient des parachutistes sur la zone du canal. Le 6 novembre,
les soviétiques qui ne veulent pas que les américains puissent
paraître être les sauveurs d'Égypte, menacent à
leur tour de lancer des fusées intercontinentales. Dès le
lendemain nos trois agresseurs arrêtent les combats et le 22 décembre,
ils rentrent chacun chez soi tous penauds. Il y a des "grands"
et il y a des "petits"!
Nasser, le grand gagnant de l'histoire, devient le chef moral de l'unité
arabe.
L'Algérie.
Guy Mollet, chef du gouvernement socialiste se rend en Algérie.
Le 6 janvier, à Alger, il va déposer une gerbe au Monument
aux Morts et il est accueilli par une foule d'Européens qui l'insultent
et lui jettent des tomates. La politique de répression qu'il va
faire suivre était-elle à la mesure de cette manifestation?
Puis il fait voter des pouvoirs spéciaux à l'Assemblée
afin que des autorités civiles puissent se servir de l'armée
pour maintenir l'ordre.
En France, une manifestation d'algériens à Paris fait sept
morts. D'autres tendances plus modérées se rallient au FLN.
Le climat se tend chaque jour d'avantage. On porte le service militaire
à 27 mois, on rappelle 70 000 hommes. Puis on a la mauvaise idée
de détourner un avion dans lequel voyageait Ben Bella et quelques
autres responsables et de les emprisonner. Cette arrestation déclenche
une réaction immédiate du Maroc qui va s'engager dans un
soutien plus soutenu au FLN.
Les nationalistes se sentent maintenant suffisamment forts et armés.
Ils n'hésitent plus à attaquer des convois militaires et
les 600 000 appelés du contingent ne suffisent plus à maintenir
l'ordre. Les embuscades se succèdent. En mai, par exemple, des
appelés qui venaient d'arriver se font attaquer dans les gorges
de Palestro et il y a 19 morts. La répression qui suivra cet acte
condamne deux nationalistes à la guillotine qui engendrera elle
même, la mort de 49 colons abattus au revolver et 70 dans un plasticage
à la Casbah. Pour arranger les choses, on avait recherché
du pétrole pendant des années sans résultats et voilà
qu'il est trouvé maintenant.
Comment lâcher une pareille manne!
Chypre
Un conflit se déclenche aussi à Chypre. On pourrait même
parler de guerre civile. L'île était administrée par
l'administration anglaise depuis 1878 et a le statut de colonie depuis
1925. Les Chypriotes Grecs constituent une majorité de 80 % et
étaient favorables à l'indépendance avant de se prononcer
pour ou contre un rattachement à la Grèce. Les chypriotes
turcs qui se trouvaient bien comme ça accepteraient, à la
rigueur, une partition de l'île. Mais les britanniques sont moins
pressés que les nationalistes de "EOKA" et ceux-ci perdent
patience, ils déclenchent d'abord une guérilla, puis une
véritable guerre civile à la suite de la pendaison de plusieurs
nationalistes.
Pologne
Le 28 juin, un petit nombre d’ouvriers Polonais descendent dans
la rue, mais dans les jours qui suivent ils sont rejoints par des milliers
d'autres. L'armée et la police arrivent péniblement à
rétablir l’ordre en utilisant des chars et en tirant sur
les manifestants. Les dirigeants politiques ont quand même senti
que le peuple n’en peut plus. Ils libèrent Wladyslaw Gomulka
qui était en prison depuis 1949. Khrouchtchev sent le danger, entourés
de plusieurs généraux, il vient réprimander ces dirigeants
qui n’ont pas su maintenir l’ordre. Mais quand il repart,
la Pologne a marqué des points. Gomulka revient au devant de la
scène. Le 30 octobre, le cardinal Wyszynskî est libéré
de prison lui aussi. Il était en prison depuis le 25 septembre
1953. Rappelez-vous: dans le sermon qui l’y avait conduit, il fustigeait
la répression du régime et encourageait les chrétiens
à rester unis, il avait dit : le bourreau peut tuer mon corps,
rien au monde ne saurait tuer mon âme . On nous parle d’évêques
criminels, viendra un jour où l’Histoire les appellera des
saints.
Hongrie
Difficile et dangereux d'être à la tête des partis
communiste dans les pays de l'Est. Imre Nagy en avait fait l'expérience
en avril 1955. La "chute" de Malenkov à Moscou avait
entraîné la sienne..
Imre Nagy avait ses classes en URSS de 1930 à 1944 et avait échappé
à une purge en faisant son autocritique, puis en se faisant tout
petit. Mais en 1944, le voilà ministre de l'Agriculture en Hongrie
puis Président de l'Assemblée Nationale en 1947. En 1948
il avait pris position contre l'extrême gauche et en 1949 il s'était
opposé au limogeage de Rajk. Ce n'était pas raisonnable!
Il avait été exclu du bureau politique. Il y était
quand même revenu en 1951 et en 1953, avec le soutien de Malenkov,
il avait été promu Premier Ministre et il y restera jusqu'en
1955. Mais Khrouchtchev ayant pris le dessus sur Malenkov, Rakosi et Gerö
l'avaient éliminé….de la scène politique seulement
en avril (1956).
Mais il faut toujours garder espoir!
Le 23 octobre, la Hongrie manifeste pour soutenir la Pologne, mais aussi
pour exprimer son ras-le-bol du joug communiste. Pour disperser les manifestations,
la police tire sur la foule et la révolte éclate. Ouvrier
et étudiants attaquent les casernes où des soldats leurs
tendent leurs armes. On pense alors qu'en replaçant Imre Nagy,
bien connu pour ses idées antistaliniennes, à la tête
du gouvernement, on va désamorcer le mouvement, mais la grève
générale s'étend tout le pays. Des comités
révolutionnaires qui osent se dire anti-communistes s'installent.
La situation devient explosive. Des membres de la police politique vont
être pendus publiquement. Les anciens partis politiques et des journaux
renaissent. On libère le cardinal Mindszenty primat de Hongrie
qui était en prison depuis 1949.
Imre Nagy, se met à rêver: il fait entrer des non-communistes
au gouvernement, proclame la neutralité de la Hongrie et la nécessité
d'élections libres.
Le 4 novembre,
le bruit des chars soviétiques se fait entendre dans les rues de
Budapest. C'en est fini des rêves de liberté!
Pendant neuf
jours les hongrois vont résister. Il y aura 6 000 morts, 12 000
blessés, 20 000 iront en prison, 200 000 quittent le pays comme
ils peuvent pour rejoindre les pays de l'Ouest.
Nagy et une centaine d'autres responsables seront exécutés
le 17 juin 1958. Gerö qui déjà avait laissé
un sinistre souvenir en Espagne avait réussi a fuir vers l'URSS.
Il avait été un des artisans de l'envoi des chars dans son
pays mais, contrairement à Rakosi, il reviendra même en Hongrie
couler une retraite paisible de petit fonctionnaire. Il mourra en 1980.
Les chars de la répression ne provoqueront que quelques petites
réactions timides. A l'inverse de ce qui ce serait passé
si cela avait été une dictature de droite où on aurait
mobilisé les populations avec le fracas et les slogans habituels
sur le fascisme. Le terrorisme intellectuel de la gauche est ainsi fait.
Vous avez le droit de penser tout ce que vous voulez….à condition
de penser comme moi.
De toutes façons, la France, la Grande-Bretagne étaient
mal placées pour dire quoi que ce soit. Elles qui venaient d'attaquer
l'Egypte!
Rapport
Khrouchtchev
Le 14 février a lieu un congrès du Parti communiste à
Moscou. Il réunit plus de 1400 délégués, 55
"Républiques" y sont représentées. C'est
le Premier secrétaire qui doit présenter le rapport et cette
fois-ci c'est Khrouchtchev qui occupe ce poste. Il va parler pendant sept
heures. On dit que son rapport est un réquisitoire impitoyable
contre Staline, pourtant sept heures ont-il suffit pour décrire
toutes les horreurs et tous les crimes qui ont été commis
pendant qu'il dirigeait le Parti?
Khrouchtchev affirme que Staline a détourné la notion de
lutte des classe, appliqué le terme d'ennemi du peuple à
tous ses opposants pour mieux s'en débarrasser; monté des
faux procès, fait torturer et fusiller des officiers, des membres
du Comité Central. Il aurait pu continuer pendant des heures. Puis,
il le décrit comme un chef militaire incompétent, avide
de flatteries poussant à l'extrême le culte de la personnalité
envers sa personne. A la fin de rapport il ne reste rien de l'image de
celui que tous les communistes désignaient comme le plus grand
homme politique de tous les temps.
Un proverbe espagnol dit: no hay peor ciego que el que no quiere
ver. Autrement dit: il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne
veut pas voir. Et ces aveugles diront que la jalousie fait dire n'importe
quoi: les millions de morts sont des inventions de réactionnaires.
Et ce langage portera ces fruits: En 2002 un sondage dira que l'action
de Staline est plutôt globalement positive pour 53 % des Russes,
alors que l'on a affirmé qu'il n'y a pas une seule famille qui
n'ait pas eu un mort à déplorer en URSS à cause de
lui.
1956
c'est aussi :
le rattachement de la Sarre à l'Allemagne Fédérale
La victoire d Alain Mimoun au marathon.
Le mariage de Grâce Kelly et le prince Rainier de Monaco. Grâce
Kelly star du cinéma devient ainsi le 19 avril, la princesse de
Monaco.
Les chanteurs à la mode son Gilbert Bécaud, Edith Piaf,
Juliette Gréco. Aznavour fait ses débuts
On paye la vignette automobile. (La célèbre vignette censée
être un impôt de solidarité en faveur des personnes
âgées et qui ne le fut amais).
Le procédé de la télévision couleur Secam,
par Henri de France.
Cousteau et l'équipe de la Calypso font découvrir les fonds
marins
Roger Valkoviak remporte le Tour de France
Roger Vadim va créer de toute pièce une star. "Brigitte
Bardot" vient de naître.
Cuba
Fidel
Castro récidive. Il revient du Mexique et débarque à
Cuba en décembre, avec un groupe de 80 partisans. Il avait déjà
tenté de renverser le président Batista en 1953. Gracié
il était parti au Mexique et revenait une fois encore tenter de
prendre le pouvoir à son concurrent. Nouvel échec
Inventions et découvertes
Mise au point du cathéter par Werner Forssmann (allemand), André
Cournand et Dickinson (américains) qui reçoivent en récompense
le prix Nobel de médecine. Forssmann a essayé sur lui-même
cette méthode qui consiste à introduire un tuyau flexible
(cathéter) dans une veine et la pousser jusqu'à atteindre
le cœur. Plus tard cette invention me sauvera certainement la vie
en me faisant une coronarographie et pour me poser un sten.
Les ordinateurs rapetissent grâce à
l'emploi de transistors.
Très grand saut en avant de l'image
avec l'invention du magnétoscope.
La première centrale nucléaire
inaugurée en Grande-Bretagne.
Pose du premier câble téléphonique
au fond de l'atlantique par les compagnies françaises, canadiennes
et britanniques.