1956
 

Les tanks de la repression en Hongrie.

 

Manifestations en Algérie


L'insouciance de la jeunesse

Politique française
Politique étrangère. Conflit avec l'Egypte
L’expédition de Suez.
Problèmes France - Algérie.
Chypre : Guerre entre chypriotes grecs et chypriotes turcs ?
Pologne: les polonais se rebiffent !
Hongrie : les hongrois aussi.
Rapport Khrouchtchev.
Cuba: Fidel Castro récidive

1956

Politique française
Des accords disparates se sont établis. Mendès France et les radicaux-socialistes se sont unis avec les républicains sociaux de Chaban-Delmas, l’U.D.S.R. de Mitterrand et la S.F.I.O. de Guy Mollet. Ils constituent le Front républicain. La voix de cette alliance va être l’Express.
Ce "front" réunit une nouvelle majorité parlementaire. Mendès France redevient ministre. Il est ministre d’État dans le cabinet Mollet en février. Mais, il n'est pas d'accord avec la politique du gouvernement par rapport à l'Afrique du Nord, il démissionne au bout de trois mois. Dans la foulée, il abandonne la direction du Parti radical.

Politique étrangère. Conflit avec l'Egypte
La politique est décidément une chose bien compliquée pour ceux qui en ignorent les dessous! La preuve: trois pays en veulent à Abdel Nasser! D'abord les anglais parce qu'en nationalisant le canal de Suez, il s'en est pris à leur intérêts; la France ensuite, parce qu'elle est convaincue qu'il est le principal soutien aux Nationalistes algériens, enfin Israël, pour qui il est le leader du panarabisme et de l'anti-sionisme. Ces trois pays vont mener des négociations secrètes.
L'origine de cette histoire est à la fois simple et compliquée. Nasser avait le projet de construire un grand barrage sur le Nil. Bien sûr l'Égypte n'avait pas les finances pour se payer ces gigantesques travaux, mais il y avait une possibilité et cette possibilité était la guerre froide que se livraient "les deux grands". Il va d'abord faire une demande aux Etats-Unis.
Je n’étais pas présent aux négociations, mais il a, sans aucun doute, glissé dans l'oreille américaine qu'en cas de refus, il irait voir leurs "copains" soviétiques et ils acceptent. Au bout de six mois, ce sont-ils aperçus de l'ampleur du projet? Ont-ils cru que l'URSS manquerait de moyens? N'avaient-ils qu'une confiance limitée en Nasser? En tous cas ils reviennent sur leur parole.
Nasser se fâche. Il organise une manifestation de masse qui réunit 150 000 personnes à Alexandrie. Et devant cette foule, il se lance dans un des discours qu'il affectionne. Il connaît son pouvoir sur cette population. Il annonce qu'il nationalise le canal de Suez, qu'il va remplacer les aides américaines par des aides soviétiques et les techniciens européens par des Egyptiens et des soviétiques. Il devient un demi dieu dans le monde arabe et les Américains perdent des points par rapport à leurs concurrents

L’expédition de Suez
Trois mois plus tard, la France (ou plutôt Guy Mollet qui était président du Conseil et son gouvernement), la Grande-Bretagne et Israël ont terminés leurs plans pour attaquer l'Égypte. C'est Israël qui frappe le premier le 29 octobre et il se rend maître sans difficulté du Sinaï. Le lendemain l'Angleterre et la France envoient un ultimatum a Nasser pour un cessez-le-feu.
Bien des surprises les attendent. Premièrement Nasser, non seulement ne cède pas, mais fait appel aux Egyptiens et leur distribue des armes. Deuxièmement, à l'ONU, les américains qui voulaient certainement se rattraper de la bêtise faite sur le monde arabe, condamnent l'action d'Israël et font demander l'arrêt immédiat des hostilités. Voilà nos trois pays isolés diplomatiquement. Les Britanniques et Français bombardent quand même des aéroports et des objectifs militaires puis, le 4 novembre ils envoient des parachutistes sur la zone du canal. Le 6 novembre, les soviétiques qui ne veulent pas que les américains puissent paraître être les sauveurs d'Égypte, menacent à leur tour de lancer des fusées intercontinentales. Dès le lendemain nos trois agresseurs arrêtent les combats et le 22 décembre, ils rentrent chacun chez soi tous penauds. Il y a des "grands" et il y a des "petits"!
Nasser, le grand gagnant de l'histoire, devient le chef moral de l'unité arabe.

L'Algérie.
Guy Mollet, chef du gouvernement socialiste se rend en Algérie. Le 6 janvier, à Alger, il va déposer une gerbe au Monument aux Morts et il est accueilli par une foule d'Européens qui l'insultent et lui jettent des tomates. La politique de répression qu'il va faire suivre était-elle à la mesure de cette manifestation?
Puis il fait voter des pouvoirs spéciaux à l'Assemblée afin que des autorités civiles puissent se servir de l'armée pour maintenir l'ordre.
En France, une manifestation d'algériens à Paris fait sept morts. D'autres tendances plus modérées se rallient au FLN. Le climat se tend chaque jour d'avantage. On porte le service militaire à 27 mois, on rappelle 70 000 hommes. Puis on a la mauvaise idée de détourner un avion dans lequel voyageait Ben Bella et quelques autres responsables et de les emprisonner. Cette arrestation déclenche une réaction immédiate du Maroc qui va s'engager dans un soutien plus soutenu au FLN.
Les nationalistes se sentent maintenant suffisamment forts et armés. Ils n'hésitent plus à attaquer des convois militaires et les 600 000 appelés du contingent ne suffisent plus à maintenir l'ordre. Les embuscades se succèdent. En mai, par exemple, des appelés qui venaient d'arriver se font attaquer dans les gorges de Palestro et il y a 19 morts. La répression qui suivra cet acte condamne deux nationalistes à la guillotine qui engendrera elle même, la mort de 49 colons abattus au revolver et 70 dans un plasticage à la Casbah. Pour arranger les choses, on avait recherché du pétrole pendant des années sans résultats et voilà qu'il est trouvé maintenant.
Comment lâcher une pareille manne!

Chypre
Un conflit se déclenche aussi à Chypre. On pourrait même parler de guerre civile. L'île était administrée par l'administration anglaise depuis 1878 et a le statut de colonie depuis 1925. Les Chypriotes Grecs constituent une majorité de 80 % et étaient favorables à l'indépendance avant de se prononcer pour ou contre un rattachement à la Grèce. Les chypriotes turcs qui se trouvaient bien comme ça accepteraient, à la rigueur, une partition de l'île. Mais les britanniques sont moins pressés que les nationalistes de "EOKA" et ceux-ci perdent patience, ils déclenchent d'abord une guérilla, puis une véritable guerre civile à la suite de la pendaison de plusieurs nationalistes.

Pologne
Le 28 juin, un petit nombre d’ouvriers Polonais descendent dans la rue, mais dans les jours qui suivent ils sont rejoints par des milliers d'autres. L'armée et la police arrivent péniblement à rétablir l’ordre en utilisant des chars et en tirant sur les manifestants. Les dirigeants politiques ont quand même senti que le peuple n’en peut plus. Ils libèrent Wladyslaw Gomulka qui était en prison depuis 1949. Khrouchtchev sent le danger, entourés de plusieurs généraux, il vient réprimander ces dirigeants qui n’ont pas su maintenir l’ordre. Mais quand il repart, la Pologne a marqué des points. Gomulka revient au devant de la scène. Le 30 octobre, le cardinal Wyszynskî est libéré de prison lui aussi. Il était en prison depuis le 25 septembre 1953. Rappelez-vous: dans le sermon qui l’y avait conduit, il fustigeait la répression du régime et encourageait les chrétiens à rester unis, il avait dit : le bourreau peut tuer mon corps, rien au monde ne saurait tuer mon âme . On nous parle d’évêques criminels, viendra un jour où l’Histoire les appellera des saints.

Hongrie
Difficile et dangereux d'être à la tête des partis communiste dans les pays de l'Est. Imre Nagy en avait fait l'expérience en avril 1955. La "chute" de Malenkov à Moscou avait entraîné la sienne..
Imre Nagy avait ses classes en URSS de 1930 à 1944 et avait échappé à une purge en faisant son autocritique, puis en se faisant tout petit. Mais en 1944, le voilà ministre de l'Agriculture en Hongrie puis Président de l'Assemblée Nationale en 1947. En 1948 il avait pris position contre l'extrême gauche et en 1949 il s'était opposé au limogeage de Rajk. Ce n'était pas raisonnable! Il avait été exclu du bureau politique. Il y était quand même revenu en 1951 et en 1953, avec le soutien de Malenkov, il avait été promu Premier Ministre et il y restera jusqu'en 1955. Mais Khrouchtchev ayant pris le dessus sur Malenkov, Rakosi et Gerö l'avaient éliminé….de la scène politique seulement en avril (1956).
Mais il faut toujours garder espoir!

Le 23 octobre, la Hongrie manifeste pour soutenir la Pologne, mais aussi pour exprimer son ras-le-bol du joug communiste. Pour disperser les manifestations, la police tire sur la foule et la révolte éclate. Ouvrier et étudiants attaquent les casernes où des soldats leurs tendent leurs armes. On pense alors qu'en replaçant Imre Nagy, bien connu pour ses idées antistaliniennes, à la tête du gouvernement, on va désamorcer le mouvement, mais la grève générale s'étend tout le pays. Des comités révolutionnaires qui osent se dire anti-communistes s'installent. La situation devient explosive. Des membres de la police politique vont être pendus publiquement. Les anciens partis politiques et des journaux renaissent. On libère le cardinal Mindszenty primat de Hongrie qui était en prison depuis 1949.
Imre Nagy, se met à rêver: il fait entrer des non-communistes au gouvernement, proclame la neutralité de la Hongrie et la nécessité d'élections libres.

Le 4 novembre, le bruit des chars soviétiques se fait entendre dans les rues de Budapest. C'en est fini des rêves de liberté!

Pendant neuf jours les hongrois vont résister. Il y aura 6 000 morts, 12 000 blessés, 20 000 iront en prison, 200 000 quittent le pays comme ils peuvent pour rejoindre les pays de l'Ouest.
Nagy et une centaine d'autres responsables seront exécutés le 17 juin 1958. Gerö qui déjà avait laissé un sinistre souvenir en Espagne avait réussi a fuir vers l'URSS. Il avait été un des artisans de l'envoi des chars dans son pays mais, contrairement à Rakosi, il reviendra même en Hongrie couler une retraite paisible de petit fonctionnaire. Il mourra en 1980.
Les chars de la répression ne provoqueront que quelques petites réactions timides. A l'inverse de ce qui ce serait passé si cela avait été une dictature de droite où on aurait mobilisé les populations avec le fracas et les slogans habituels sur le fascisme. Le terrorisme intellectuel de la gauche est ainsi fait. Vous avez le droit de penser tout ce que vous voulez….à condition de penser comme moi.
De toutes façons, la France, la Grande-Bretagne étaient mal placées pour dire quoi que ce soit. Elles qui venaient d'attaquer l'Egypte!

Rapport Khrouchtchev
Le 14 février a lieu un congrès du Parti communiste à Moscou. Il réunit plus de 1400 délégués, 55 "Républiques" y sont représentées. C'est le Premier secrétaire qui doit présenter le rapport et cette fois-ci c'est Khrouchtchev qui occupe ce poste. Il va parler pendant sept heures. On dit que son rapport est un réquisitoire impitoyable contre Staline, pourtant sept heures ont-il suffit pour décrire toutes les horreurs et tous les crimes qui ont été commis pendant qu'il dirigeait le Parti?
Khrouchtchev affirme que Staline a détourné la notion de lutte des classe, appliqué le terme d'ennemi du peuple à tous ses opposants pour mieux s'en débarrasser; monté des faux procès, fait torturer et fusiller des officiers, des membres du Comité Central. Il aurait pu continuer pendant des heures. Puis, il le décrit comme un chef militaire incompétent, avide de flatteries poussant à l'extrême le culte de la personnalité envers sa personne. A la fin de rapport il ne reste rien de l'image de celui que tous les communistes désignaient comme le plus grand homme politique de tous les temps.
Un proverbe espagnol dit: no hay peor ciego que el que no quiere ver. Autrement dit: il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Et ces aveugles diront que la jalousie fait dire n'importe quoi: les millions de morts sont des inventions de réactionnaires. Et ce langage portera ces fruits: En 2002 un sondage dira que l'action de Staline est plutôt globalement positive pour 53 % des Russes, alors que l'on a affirmé qu'il n'y a pas une seule famille qui n'ait pas eu un mort à déplorer en URSS à cause de lui.

1956 c'est aussi :
le rattachement de la Sarre à l'Allemagne Fédérale
La victoire d Alain Mimoun au marathon.
Le mariage de Grâce Kelly et le prince Rainier de Monaco. Grâce Kelly star du cinéma devient ainsi le 19 avril, la princesse de Monaco.
Les chanteurs à la mode son Gilbert Bécaud, Edith Piaf, Juliette Gréco. Aznavour fait ses débuts
On paye la vignette automobile. (La célèbre vignette censée être un impôt de solidarité en faveur des personnes âgées et qui ne le fut amais).
Le procédé de la télévision couleur Secam, par Henri de France.
Cousteau et l'équipe de la Calypso font découvrir les fonds marins
Roger Valkoviak remporte le Tour de France
Roger Vadim va créer de toute pièce une star. "Brigitte Bardot" vient de naître.

Cuba
Fidel Castro récidive. Il revient du Mexique et débarque à Cuba en décembre, avec un groupe de 80 partisans. Il avait déjà tenté de renverser le président Batista en 1953. Gracié il était parti au Mexique et revenait une fois encore tenter de prendre le pouvoir à son concurrent. Nouvel échec

Inventions et découvertes
Mise au point du cathéter par Werner Forssmann (allemand), André Cournand et Dickinson (américains) qui reçoivent en récompense le prix Nobel de médecine. Forssmann a essayé sur lui-même cette méthode qui consiste à introduire un tuyau flexible (cathéter) dans une veine et la pousser jusqu'à atteindre le cœur. Plus tard cette invention me sauvera certainement la vie en me faisant une coronarographie et pour me poser un sten.

Les ordinateurs rapetissent grâce à l'emploi de transistors.
Très grand saut en avant de l'image avec l'invention du magnétoscope.
La première centrale nucléaire inaugurée en Grande-Bretagne.
Pose du premier câble téléphonique au fond de l'atlantique par les compagnies françaises, canadiennes et britanniques.

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