11958
 

On rappelle de Gaulle pour sauver la France du chaos

Le Nautilus sous-marin nucléaire

De l'adolescence à l'âge adulte sans transition

Retour en politique de de Gaulle.
Élection d'un nouveau pape
Conflits en Irak
Colonialisme

Chine ; la fin de la famille
Et la démocratie alors?
Nouvelles du monde
Inventions et découvertes

1958
Retour en politique de De gaulle
De Gaulle attendait patiemment à Colombey les deux Églises et il avait raison d'attendre. On a dit et redit que le régime des partis était incapable de gérer le problème de la guerre d'Algérie, mais il est probable qu'aucun homme politique n'en avait le charisme. La classe politique s'est discréditée. Félix Gaillard qui était en place depuis peu est mis en minorité à son tour. Même les policiers, qui doivent pourtant avoir un devoir de réserve, manifestent devant le Palais Bourbon. Un gouvernement formé à la hâte ne dure que quelques jours. Alors le Président Coty pense à de Gaulle. Il en parle à l'assemblée et on va le chercher.
Je pense qu'il a du savourer ce moment, le général, mais il devait commencer à connaître la nature humaine et savoir qu'on peut s'attendre à tout.
Ainsi donc, De Gaulle devient président du Conseil avec 309 voix contre 224. Il compose un gouvernement avec des socialistes et des MRP, mais il prend surtout Antoine Pinay de qui on reparlera plus tard. De Gaulle ouvre aussitôt des grands dossiers comme l’Algérie et la Constitution qu’il faut absolument réformer.
Pour réussir la décolonisation, il propose aux nouveaux États de choisir par référendum entre l'indépendance ou s'associer à la France au sein d'une communauté. La Guinée choisit l'Indépendance, les autres la Communauté.
Pour reconstruire l'Europe, il faut compter sur l'Allemagne, c'est au moins ce qu'il pense. En septembre, il reçoit le chancelier Adenauer. D'un autre côté, Pinay lance un emprunt indexé sur l’or ce qui va rapporter 324 milliards de francs à l'État et après une dévaluation du franc il créé, en décembre, le franc lourd qui vaut 100 francs anciens. Mais il invente aussi 300 milliards de francs d’impôts nouveaux et réduit les subventions. A chaque changement de régime, les gouvernements de quelque bord qu'ils soient, adoptent cette tactique: Ils augmentent les impôts dans la foulée des élections, la pilule est ainsi moins visible et moins amère.
La France avait aussi un grand besoin de stabilité, nous l'avions vu dans les dernières années avec ses gouvernements successifs et éphémères. De Gaulle avait déjà cette conviction avant son "exil" et n’avait pas varié dans cette idée, bien au contraire. Dans sa réforme de sa nouvelle Constitution, le chef de l’État aura un rôle plus important (trop important?). Un référendum est organisé et le résultat prouve que la classe politique antérieure était déconsidérée. De Gaulle recueille 80 % de "oui" le 28 septembre. Désormais, le Président de la République désignera le Premier ministre et pourra dissoudre l'Assemblée. A lui aussi, d'organiser les pouvoirs. Le 21 décembre le général est élu président de la République avec 78.5%, son parti, l'UNR (Union pour la Nouvelle République) est le grand gagnant des élections législatives. Trois élus sur quatre n'ont plus été réélus. Parmi les grands battus on retrouve Mitterrand. Autres battus : Edgar Faure et aussi Pierre Mendès-France.

Mais bien avant cela, au mois de mai, des événements graves avaient eu lieu en Algérie. Des appelés prisonniers du FLN avaient été assassinés et ce fait avait provoqué des manifestations surtout à Alger. Un général appelé Salan avait écrit au président de la République: -" l’armée unanime ressentirait comme un outrage l’abandon de l’Algérie. On ne saurait présager ses réactions de désespoirs"-
Les manifestations continuent. Un groupe d'officiers supérieurs créé un "comité de salut public" dont le président est le général Massu. Ce comité déclare prendre les destinées de l'Algérie française en main. Le 15 mai, Salan avait fait acclamer le nom du général de Gaulle. La situation était grave et de Gaulle avait répondu qu'il était prêt a assumé les pouvoirs.
Trois jours seulement après avoir été investi dans son poste de Président du Conseil, de Gaulle se rend à Alger. C'est là qu'il va clamer à la foule les bras écartés son –"Français, Française, je vous ai compris"- qui restera célèbre et souvent imité. Cependant, s'il ne dit pas: " vive l'Algérie française " son attitude laisse croire qu'il le pense. Ne dit-il pas qu'il n'y a plus en Algérie que des français à part entière. Ce qui prouve que même les plus grands hommes font des erreurs. Et il en fera encore d'autres, le général.

Le 28 septembre, l’Algérie vote à 98 % pour la nouvelle Constitution De Gaulle annonce, un plan de développement en faveur de l’Algérie; il reconnaît qu'il existe une personnalité algérienne. Mais le 19, le FLN avait créé un gouvernement "de la République Algérienne" avec Ferhat Abbas à sa tête et ce gouvernement rejettera toutes les ouvertures politiques. Les généraux et les officiers qui avaient constitué le comité de « salut public » dont Jouhaud, Vanuxem, Salan sont renvoyés vers la métropole.

Élection d'un nouveau pape
Élection de Jean XXIII qui succède à Pie XII. On dit que ce serait un Pape de transition. Autrement dit, il n'avait pas assez d'envergure pour faire un grand pape, et pourtant il fera parler de lui ce Jean XXIII! Pie XII, qui sera si critiqué par la suite était mort à 82 ans.

Conflits en Irak
Il y avait bien pire qu'en Espagne! En Irak, le 14 juillet, le général Kassem s'empare du pouvoir que le roi Fayçal II détenait depuis 1937 avec l'appui des anglais qui tiraient du bénéfice du pétrole. Il livre le roi à la foule qui let massacre. Le pouvoir n'a pas toujours que du bon! Il a tout juste le temps de proclamer une République, qu'il est à son tour assassiné par un colonel du nom de Aref. Ce colonel se serait entendu avec Nasser qui voulait unir tous les arabes dans une grande nation.
Celui-ci a déjà commencé, d'ailleurs, en proclamant la République Arabe Unie. Elle se compose, pour l'instant, de la Syrie, l’Égypte et le Yémen du sud. Et il est élu avec 100 % des électeurs, Nasser ! (qui dit mieux?)

Colonialisme
Le colonialisme dans sa forme traditionnelle est moribond, mais les "Grandes Nations" se livrent à une lutte acharnée pour garder l'influence sur ces pays où règne l'analphabétisme, où les gens ne savent plus cultiver les terres mais vivent du pétrole qui regorge sous leur sable. Nous avons vu qu'une première "bataille" avait été perdue par les États-Unis avec le barrage d’Assouan et, justement, l'URSS vient d'accorder 40 milliards de francs à l’Égypte pour sa construction!

Chine
Et en Chine ça ne va pas mieux. Mao a décrété que la famille et la propriété sont abolies. Les "communes populaires" géreront la vie sociale qui sera uniquement collective. Elles seront aussi chargées de l'éducation de enfants; d'organiser les travaux domestiques, industriels et agricoles. Le communisme n'est-il pas la dictature du prolétariat? A-t-il décidé toutes ces mesures, le prolétariat? Les mères ont-elles décidé de donner leur nouveau né, qu'on vient de sortir de leurs entrailles, à cette éducation collective?

Et la démocratie alors ?
L'Espagne, vit sous l'enfer du fascisme, la Chine vit dans le paradis démocratique créé par les forces du progrès!!!! Dans le même ordre d'idées, en Hongrie quatre des dirigeants du printemps de Prague sont exécutés après un simulacre de procès et Boris Pasternak qui a reçu le prix Nobel de littérature, ne peut pas sortir de l’URSS pour recevoir son prix. En Allemagne de l'Est, de plus en plus d'allemands préfèrent risquer la mort pour essayer d'en sortir par tous les moyens, que de rester dans cette partie "démocratique" de l’Allemagne

Nouvelles du monde
Et les "grands" se battent aussi à coup de satellites: les américains avaient mis Explorer I sous orbite et l'URSS le Spoutnik 3. Et comme les Russes étaient en avance, les américains sortent le Nautilus, un sous-marin atomique qui va passer du Pacifique à l'Atlantique sous la calotte glacière.
Arrivée de Nikita Krouschev au pouvoir en URSS.
Les Etats-Unis débarquent au Liban. Les Britanniques en Jordanie.
Le Pape Pie XII meurt et Jean XXIII lui succède.
L'Union Soviétique finance la construction du barrage d'Assouan.
Nous avions suivi la coupe du monde de Football à la radio et c'est le Brésil qui avait été le vainqueur.

Première ligne transatlantique d'avions à réaction entre Londres et New-York. Quelques semaines plus tard un Boeing 707 assurait New-York Paris.

Les premiers appareils d'imageries médicales font leurs apparitions à Glasgow. Ils ont été imaginés sur le principe des sonars de l'armée.

En Arménie "soviétique" Ilya Daresvsky découvre une espèce de lézards femelles qui n'ont pas besoin d'un mâle pour se reproduire. A étudier !!.

Invention de la super glue. Colle miracle qui colle tout en quelques secondes. Si la première étaient vraiment efficaces, ce ne sera plus le cas les années suivantes.

Lancement d'un brise-glace à propulsion nucléaire à Leningrad. Il a été conçu pour résister à d'énormes pressions et permettra de naviguer dans des mers recouvertes par la banquise

haut de page

Personnel et sans importance
Je me souciais peu de ces événements. Les seuls problèmes, comme tous les jeunes de mon âge, étaient d'ordre sentimental. La politique était le dernier de mes soucis et je n'y voyais aucun rapport avec ma vie quotidienne. J'avais vingt ans, j'étais encore à l'armée et j'y resterai jusqu'à la fin du mois d'août. Nos seules préoccupations, à nous simples soldats, étaient de passés inaperçus. Surtout ne pas se faire remarquer! Cette attitude nous préservait des punitions, souvent de corvées de nettoyage et de bien d'autres choses et nous permettait d'avoir les après-midi libres. Nous en profitions pour faire du vélo sur les routes avoisinantes et quelquefois d'aller chez un ami à Alcala de Ebro ou chez un autre à Gallur. Des capitaines que je côtoyais chaque jour me permirent d'aller faire quelques tours en avion.
La base américaine se trouvait en bout de piste de la nôtre et, à la suite, l'aéroport civil de Zaragoza. Nous étions impressionnés par un énorme avion américain qui pouvait transporter 600 hommes et leur équipement. Leurs voitures, des énormes Chevrolet, Buick, Cadillac contrastaient avec nos vélos qui pesaient 24 kilogrammes. Ce contraste, comme il doit se passer dans tous les pays où ils se trouvent, faisait naître chez les espagnols un sentiment d'orgueil blessé, et n'avaient guère de sympathie à leur égard. Pourtant, je n'avais jamais trouvé chez eux la sensation qu'ils voulaient " nous en mettre plein la vue". Il y avait beaucoup de noirs et ils devaient peut-être avoir les mêmes impressions que nous par rapport à leurs camarades. Peu de choses, en fait, dans ces dix-huit mois de vie militaire, à part un grand repos par rapport à ma vie de paysan.

En Espagne, les journaux parlaient de foot et de toros, mais souffrions-nous vraiment de la dictature. Devaient souffrir les politiciens et les gens "mordus" de la politique, mais je n'ai jamais entendu un jeune de mon âge se plaindre.
Et pourtant à l’extérieur de l'Espagne le monde entier nous plaignait. En 1956, j'étais allé voir ma sœur restée en France, j'y avais rencontré mes anciens instituteurs, qui étaient encore communistes à cette époque, ils m'avaient regardé comme si j'étais le plus malheureux de la terre!

A la fin du mois d’août, j’étais démobilisé et j’allais replonger dans la vie villageoise et agricole de ce « pueblo » aragonais. Une grande famille de 1 400 habitants, et l’univers se résumait là pour la plupart des habitants. Comment en sortir sans moyens? Comment faire autre chose que ces « jornales » dans l’agriculture ? J’allais essayer de trouver du travail dans des hôtels en faisant valoir ma connaissance du français, puis essayer de faire du dessin industriel. La première chose, sans résultats valables, la deuxième : j’avais vite compris qu’il était impossible de faire 50 Kms en vélo tous les jours, après le travail et de nuit.
Le temps passait…..

Accueil suivante